vendredi 21 mai 2010

Gérer à la petite semaine

Enfin, le gros bon sens s’est fait entendre (pour une fois) au gouvernement Charest. La ministre Courchesne va réintroduire les congés fériés dans le calendrier scolaire des écoles publiques et privées.

Rappelons-nous qu’en février, la ministre avait proposé une modification au calendrier scolaire à l’effet que les congés fériés seraient devenus facultatifs, ainsi que les fins de semaine ! La ministre a toujours défendu son geste en prétextant que ces congés étaient prévus dans les conventions collectives des enseignants de toutes façons. Les seules écoles qui voulaient être dispensées de ces jours fériés étaient les écoles privées confessionnelles, dans le fond. Pourquoi alors toucher à une loi qui s’applique à toute une nation ? Que certaines personnes ne fêtent pas Noël ou le jour de l’an, ça les regarde. Personnellement, j’ai hâte que le premier juillet redevienne un jour ordinaire. Mais au nom de quel principe rassembleur, de quelle valeur morale la ministre pouvait-elle retirer le 24 juin des jours fériés ? Le jour de la Saint-Jean-Baptiste est le jour national des Québécois, peu importe leur croyances, leur origine et leur langue. Qu’une ministre libérale les retire du calendrier pour accommoder quelques écoles dilettantes démontre bien le dédain que ce gouvernement porte envers la nation québécoise.

Si ces écoles ne se considèrent pas assez québécoises pour respecter AU MOINS le congé du 24 juin, il y a lieu de se poser de sérieuses questions quant à leur attachement à la société québécoise en général. Et le gouvernement voulait retirer ce congé du calendrier afin de leur permettre de ne pas respecter nos lois !

Le parti libéral a l’habitude de gérer le Québec à la petite semaine, comme on fait l’épicerie. Jean Charest et les ministres libéraux ont pris l’habitude de proposer des projets de lois inacceptables -mais toujours acceptables dans le sens des petits zamis- , en espérant que personne ne remarque. Lorsque la population se mobilise contre tel ou tel projet de loi, ils réajustent le tir ou se rétractent, la queue entre les jambes. À quand un gouvernement qui respecte la population ? qui respecte notre culture et notre histoire ? qui agit dans l’intérêt des générations futures ? À quand un gouvernement qui gèrera le Québec en grand peuple ? Et surtout, à quand un gouvernement qui gèrera le Québec de façon responsable ?

Une dette de siège ?

Le Québec va probablement bientôt subir une baisse de son poids politique au sein de la canadian confederation. En effet, le premier ministre de la nation voisine, Stephen Harper, propose d’ajouter des sièges à la chambres des communes afin de respecter la hausse de la population des provinces ayant connu la plus forte augmentation. La Chambre basse à Ottawa passerait de 308 sièges à 338, avec 18 allant à l’Ontario, 7 à la Colombie-Brittanique et 5 à l’Alberta. Le Québec, malgré l’arrivée de 45000 immigrants annuellement, n’aurait pas de sièges supplémentaires, et garderait donc ses 75 députés fédéraux.

Vous devinez bien que Gilles Duceppe, chef du bloc Québécois, hurle au scandale et exige que le Canada se plie à la volonté du Québec et qu’il lui accorde une représentation de 25% des sièges totaux de la chambre, soit 84,5 sièges. Disons 84. M. Duceppe voudrait que le gouvernement canadian nous fasse une fleur et nous cède 9 sièges gratuitement. C’est à croire que M. Duceppe ne connaît pas son histoire et ne se rappelle pas qu’à de multiples reprises, le ROC a ignoré les demandes du Québec, même les plus élémentaires. La Cour supprime moleste régulièrement la Loi 101 (plus de 200 fois depuis 1977), jugée pourtant essentielle à la culture québécoise par tous les francophones. De nombreux premiers ministres canadiens étaient des anti-francophones avoués et ne se vouaient qu’à l’assimilation totale vers la culture brittanique. Le Canada n’a pas l’habitude d’accommoder le Québec, pour prendre une expression à la mode.

Ceci dit, je trouve que c’est une excellente idée de respecter le poids démocratique des habitants des différentes régions canadiennes. En tant que nation, en tant que peuple, nous ne pouvons pas demander à une autre nation de faire une entorse à un principe fondamental de la vie en société moderne, nommément la démocratie, rien que pour nos beaux yeux. Voulons-nous vraiment être redevable à la nation voisine pour ses accomodements ? Voulons-nous rester à genoux et continuer de quêter pour avoir les miettes qu’on nous sert depuis toujours ? Bien sûr que non. Il est regrettable par contre que la hausse de la population du Québec n’ait pas été jugée suffisante pour justifier l’ajout de sièges. La démocratie a ses limites, surtout dans les mains du premier ministre fédéral actuel. Des miettes, je disais.

Ce qu’il nous faut, c’est plutôt d’accomplir la prochaine étape logique de notre émancipation nationale et se retirer complètement du système politique canadian en devenant indépendant. Un parti politique doit servir la démocratie et non l’inverse. La Parti indépendantiste propose une solution simple directe et absolument démocratique pour accéder à notre liberté. Pendant que les autres partis veulent perdre leurs énergies et leur temps et se penchent à la taille dans l’attente d’un troisième référendum, le P.I. propose une véritable alternative, l’élection d’une majorité de députés indépendantistes à l’Assemblée nationale et la déclaration unilatérale d’indépendance du Québec.

Levons le voile sur la laïcité

La plupart des grandes démocraties occidentales se font un point d’honneur de séparer la religion de l’État et se déclarent habituellement neutre au point de vue de la religion (on dit alors que l’État est laïc), histoire de créer un espace strictement humaniste et social dans les édifices et points de services gouvernementaux. La liberté de religion individuelle est assurée dans la Charte des droits et liberté du Canada, elle-même inspirée de celle du Québec. Les gens sont libres d’appartenir à la religion qu’ils veulent, et de pratiquer ses rites.

Beaucoup d’encre a coulé ces derniers temps à propos des « accommodements raisonnables », notamment de cette dame vêtue d’une burqa qui suivait des cours de francisation qui refusait de montrer son visage et qui exigeait que les hommes dans la classe lui fasse dos. La ministre Yolande James a du se prononcer sur le sujet, donnant finalement raison à l’école où les cours avaient lieu. La définition même du mot « raisonnable » est plus flou que jamais et l’application de son accommodement en est d’autant plus mal-aisé. Il est impensable que l’on demande à l’État de légiférer ou même simplement d’intervenir à chaque escarmouche, à chaque situation problématique. Il a été déterminé que l’État du Québec doit se donner un cadre légal qui viendrait poser les balises du vivre-ensemble de la société Québécoise.

La Loi 94 proposée par Jean Charest est la réponse -frileuse- à cette mise en question. La montagne a accouchée d’une souris! Le gouvernement Charest a manqué une occasion en or de nommer et d’expliquer les valeurs communes au Québec, et a choisi de courber l’échine en tentant de ne déplaire à personne, surtout à sa base grandissante de contributeurs électoraux d’origine étrangère. En gros, le projet de loi stipule qu’un employé de l’État ou un prestataire de services gouvernementaux doit avoir le visage découvert pour recevoir ces services. Au strict minimum, la personne peut montrer son visage momentanément et se recacher une fois l’identification de l’employé et du prestataire établie. Comme je disais, une souris.

Si nous poussons cet exemple à l’extrême, nous pourrions voir une femme en burqa -la prestataire de services- se présentant au bureau d’une autre femme en burqa -l’employée gouvernementale- qui se montrent réciproquement le bout du nez pour deux secondes et se recachent pour le reste de leur entretien. Complètement farfelu ! Est-ce là l’idée que vous vous faites du service gouvernemental ? De la société québécoise ? Je vous pose la question. À fin de comparaison, la Belgique pense interdire complètement le niqab et la burqa au nom de la sécurité publique.

Le gouvernement Charest avait la chance de poser les balises d’une véritable loi établissant les modalités du vivre-ensemble québécois. Or, rien ne s’y rapproche. Une souris.

Il y a lieu de se poser la question de pourquoi le gouvernement en place n’a pas posé ce geste. Depuis l’arrivée au pouvoir de Jean Charest en 2003, nous avons vu que notre premier ministre est capable d’être tranché et ferme sur certains sujets, notamment la hausse des tarifs de garderies, la coupure des prêts et bourses, la non-coupure de $5 milliards en impôts, la loi baîllon 142, son refus d’intervenir dans le scandale de la Caisse de dépôt, son refus de mettre sur pied une commission d’enquête sur la construction, etc. Pourquoi est-il si frileux cette fois-ci ? Simplement parce qu’il sait que s’il fait un pas de plus, un usager déposera éventuellement une plainte à la Commission des droits de la personne du Canada, cette plainte sera portée ultimement à la Cour suprême du Canada où la Loi québécoise se verra invalidée par des juges étrangers à notre culture, qui ne rêvent que de nous voir disparaître de la carte culturelle canadian. Soyons clair: Jean Charest n’a pas été plus loin parce qu’il a peur d’aller plus loin. Peur de se faire dire que sa loi est inconstitutionnelle, à l’instar de la Loi 104 concernant les écoles-passerelles privées. Peur de passer pour un chef d’État qui ne connaît pas sa place dans la canadian confederation . Peur de la réaction des provinces de l’ouest si jamais il tente de repasser au fédéral. Il fait donc le pari que sa petite loi passera sous la porte, sans vraiment déranger le ROC, et que les immigrants non-francophones auront quand même le goût de voter pour son parti de bon-ententistes copineurs fédéralistes.

Ce qui était en réalité une porte ouverte vers une constitution proprement québécoise se transforme finalement en exercice de relations publiques, où chaque intervenant tentera d’avoir l’air plus intelligent que les autres. Le grand perdant est encore le peuple québécois, tiraillé entre sa volonté d’accueillir les arrivants étrangers et son désir fondamental de survie culturelle.

La solution pour moi est claire: seule l’indépendance de notre nation québécoise nous donnera la légitimité d’enfin nous doter de lois et de guides sociaux qui ne pourront être rabroués par une autre autorité. Tout le débat de la laïcité ouverte, fermée, inclusive, modérée, etc. n’est qu’un voile cachant le vrai problème sous-jacent : notre inhabileté juridique de choisir nous-mêmes nos conditions de vie sociales. Peu importe le résultat du débat actuel, toutes les lois adoptées à l’Assemblée nationale du Québec peuvent être invalidées en Cour supprime du Canada. La gauche et la droite n’ont aucune importance ici, seule compte la soumission aux valeurs et aux principes d’Ottawa. Tous les partis qui accèderont au pouvoir dans un Québec-province seront assujettis à cette éventualité et devront s’y adapter en adoptant des lois qui ne dérangent pas trop l’occupant principal du 24 Sussex. La mollasserie est donc une nécessité, un prérequis pour tenir le pouvoir dans ces conditions.

Donnons-nous les moyens de gérer nos affaires, nos conditions de vie, notre culture, notre économie, comme n’importe quel autre pays. Se tenir debout n’est pas abaisser l’autre.