mardi 5 novembre 2013

Le biais de Maclean's

On se souviendra de la couverture de l'hebdomadaire ontarien Maclean's qui ornait en page couverture un Bonhomme Carnaval avec une valise débordant d'argent. Le titre disait en toutes lettres : "The most corrupt province in Canada", c'était en octobre 2010.

Aujourd'hui, c'est le maire de Toronto Rob Ford qui avoue avoir fumé du crack l'an dernier pendant une de ses beuveries (il utilise le superbe terme "drunken stupor"). Depuis des mois que Ford (je ne me résous pas à l'appeler Monsieur) nie que c'est lui dans la vidéo. Il nie avoir fumé de la drogue. Il nie l'existence même de cette vidéo. Cette vidéo n'existe tellement pas que le service de police de Toronto a mis la main dessus et maintenant, le frère de l'autre (Doug Ford) exige la démission du directeur de police.

Imaginons pour un instant que le maire de Montréal, peu importe qui, affirme la même chose.

Journaliste:                 Monsieur le maire, avez-vous fumé du crack ? Est-ce vous sur cette vidéo ?
Maire de Montréal:     Oui. J'en ai fumé J'étais tellement saoûl, encore une fois, que j'ai décidé de fumer du crack.
Journaliste:                Qui sont les hommes avec vous dans la vidéo ?
Maire de Montréal:    Je ne me rappelle pas. C'est flou.
Journaliste:                Où étiez-vous ?
Maire de Montréal:    Je ne me rappelle pas.
Journaliste:                Cette soirée remonte à quand exactement ?
Maire de Montréal:    Je ne me rappelle pas.
Journaliste:                Mais vous étiez en poste à l'époque ? Vous étiez le maire de Montréal ?
Maire de Montréal:    Oui. Je vous assure que ça n'a pas affecté mon jugement ni mes capacités de maire. Je regrette cette erreur.
Journaliste:                Vous niez depuis le début avoir fumé du crack. Pourquoi ce revirement ?
Maire de Montréal:    Je pense que les citoyens ont le droit de savoir.
Journaliste:                Qu'allez-vous faire maintenant ? Allez-vous démissionner ?
Maire de Montréal:    Pas du tout, tout ça est derrière moi et je compte aller de l'avant avec mes politiques économiques et sociales comme si de rien n'était. Avez-vous du feu ?

Imaginez-vous le tollé, que dis-je, le tsunami de Québec-bashing auquel on aurait droit ? Les PET-eux plus haut que le trou devrait aller se cacher sous le tapis, se rouler en boule et brailler un bon coup.

Les torontois devraient désister ce grossier personnage, lui faire rembourser son salaire depuis 2 ans et le bannir à vie de toute charge publique. Il n'est même pas digne de ramasser des crottes de chat dans une litière.

Si la vengeance est un plat qui se mange froid, cette histoire se déguste lentement, en ce mois novembre glacial.