mercredi 9 avril 2014

Gardez la flamme

Le mouvement indépendantiste n'est pas mort. Il a mangé une raclée solide aux élections de 2014, mais il survivra. Permettez-moi une escapade dans le merveilleux monde du hockey professionnel. À moins que les Libéraux de Philippe Couillard veuillent ruiner ça aussi, c'est encore notre sport national.

Quand le Canadien de Montréal perd trois matchs de suite, les partisans huent et se plaignent de la mauvaise performance de leurs millionnaires préférés. On blâme l'entraîneur, le premier trio, le propriétaire, les commanditaires, l'épaisseur de la glace, le réchauffement climatique, allons-y pas de gêne. L'équipe devient la pire bande d'incapables à chausser des patins depuis le film Slapshot.

Si, au contraire, l'équipe chou-chou en flanelle bénie gagne 3 matchs de suite, alors là, c'est parce que Saint-Maurice-Richard veille sur ses ouailles. L'air sent meilleur, la poutine devient un aliment santé, la bière est soudainement en spécial au dépanneur du coin. Les astres s'alignent, il n'y a plus de doute : ça sent La Coupe ! Les salaires indécents des pousseux de rondelle se transforment en subvention de bonheur pour les partisans, particulièrement ceux qui les ont sélectionnés dans leur pool de hockey au bureau.

En politique au Québec, c'est souvent la même chose, mais avec plus de socio-drame. Si un parti perd, il a la tâche ingrate de "faire un examen de conscience", ou de "ré-évaluer ses priorités". Si un parti gagne, c'est "la démocratie en action", c'est "le peuple qui a parlé". La vie politique au Québec n'est aucunement nuancée de teintes subtiles; tout n'est que blanc éclatant ou noir charbon.

Je regrette, je ne bois pas de cette eau-là. Oui, le choc a été brutal. Oui, on va devoir faire face à quatre années de règne Libéral. Encore. Je me dois de reprendre ici les mots du fondateur d'amnistie international, Peter Benenson : "Il vaut mieux allumer une bougie que de maudire l'obscurité". Le Québec est une terre de couleur, de variété, autant dans les gens qui l'habitent que dans ses paysages magnifiques. Le ciel n'est pas toujours bleu, et je ne crois pas en l'enfer. La couleur politique ne doit pas être dictée par les médias fédéralistes.

Le désir de liberté légitime qui a causé la fondation du Parti Québécois en 1966, lui, n'est pas atteint. Il ne faut pas oublier que c'est le goût de liberté qui a causé le Parti, pas l'inverse. Le PQ -ou n'importe quel autre parti, en fait- peut ne pas survivre à plus ou moins long terme. L'idée d'indépendance, d'avoir un pays francophone en Amérique du nord, de vivre selon nos propres règles, ne mourra pas tant que quelqu'un la fera vivre.

Nous devons parler de l'indépendance, à tous les jours. Il faut faire mentir ces détesteurs de francophones en leur répliquant non pas par la même haine qu'eux, mais avec des arguments susceptibles d'influencer leurs opinions.

Le peuple Québécois a survécu au Général Wolfe. À Lord Durham. À la révolution américaine. Pensez-vous vraiment que le Québec ne survivra pas à Philippe Couillard ?