vendredi 25 juin 2010

Trève de paroles, faites du bruit !

Notre système politique est basé sur le système parlementaire britannique, c’est bien connu. Nous sommes membres du « Commonwealth », terme qui veut dire « richesse commune » ou « propriété partagée ». La plupart des anciennes colonies britanniques ont fait partie, ou font partie de ce Commonweath anglais. Pour ma part, j’attends toujours de recevoir ma part des revenus de Buckingham Palace. Pendant ce temps, à chaque élection à l’Assemblée nationale, nos députés prêtent allégeance à la Reine d’Angleterre, Élisabeth Winsor II, dont le titre officiel au Canada est : « Sa Majesté Elizabeth Deux, par la grâce de Dieu Reine du Royaume-Uni, du Canada et de ses autres royaumes et territoires, Chef du Commonwealth, Défenseur de la Foi« . Quelle rigolade. Depuis que l’Assemblée nationale existe, nos députés, tous partis confondus, doivent s’agenouiller symboliquement devant la couronne du conquérant britannique et lui offrir leur loyauté.

Si tous les députés indépendantistes, de près ou de loin, élus aux prochaines élections générales refusaient de porter allégeance à la reine d’Angleterre et portaient, à la place, serment d’allégeance uniquement au peuple du Québec, voilà qui enverrait un message tonitruant à l’establishment canadian ! Imaginons 55 personnes*, démocratiquement choisies par la population, qui refusent de s’agenouiller devant la couronne britannique, prêts à paralyser complètement le fonctionnement de l’Assemblée nationale afin de démontrer leur déni de l’accroupissement perpétuel et leur volonté d’instaurer enfin un système politique qui représente réellement l’orientation sociale progressiste du Québec, voilà qui serait un geste éclatant de rupture d’avec les vieilleries anglo-saxonnes.

À fin de vous démontrer les bassesses que nos élus doivent endurer pour siéger à Québec, voici le premier texte que chaque député-en-puissance répète: « Je, (nom du député), jure [déclare solennellement] que je serai fidèle et porterai vraie allégeance à Sa Majesté la Reine Elizabeth II. »

Le deuxième texte est un peu plus étrange. Le voici, je commente après: « Je, (nom du député), déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j’exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec. »

Étrange pourquoi ? Parce que le premier texte demande au député d’être loyal et de porter « vraie allégeance à sa Majesté la Reine », tandis que dans le deuxième le député ne doit qu’être loyal envers le Québec. Nous avons vu récemment à quel point les députés libéraux ont été « loyaux » envers le Québec.

L’allégeance d’un député ne peut aller vers son peuple, sa culture, son histoire ni son développement, seulement vers sa disparition, son assimilation, sa perte.

Par ailleurs, le deuxième texte dit que le député doit exercer ses fonctions « avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec » . Cette phrase est anachronique, sinon carrément malhonnête; le Québec n’a pas, à proprement parler, de constitution ! Aucun gouvernement Québécois n’a même signé la constitution canadienne rapatriée de 1982 !

Le Québec doit se donner une constitution, même si elle doit être assujettie au pouvoir fédéral, afin de lancer les bases de son affranchissement. Une constitution est en fait une sorte de carte de visite pour la communauté internationale. C’est un texte fondateur qui annonce à la face du monde comment cette nation, ce pays fonctionne. Les pays membres de l’ONU auront sans doute plus de facilité à reconnaître la légitimité d’une déclaration unilatérale de l’indépendance du Québec si nous nous dotons d’une constitution en bonne et due forme auparavant. L’allemagne a un serment d’allégeance beaucoup plus noble et sincère. L’article 56 de la Loi fondamentale allemande dit : « Je jure de consacrer mes forces au bien du peuple allemand, d’accroître ce qui lui est profitable, d’écarter de lui tout dommage, de respecter et de défendre la Loi fondamentale [...], de remplir mes devoirs avec conscience et d’être juste envers tous. Que Dieu me vienne en aide ! » Le serment peut être prêté sans formule religieuse. Députés élus par le peuple, loyauté envers le peuple ! C’est pourtant simple !

Notons au passage qu’une des raisons de l’infâme épisode de la déportation des acadiens fût que ces derniers refusèrent de prêter allégeance à la couronne britannique. Environ 13000 personnes furent déracinés, arrachés de leurs terres à ce moment. Le temps de la peur et du fléchissement est terminé.

* Moyenne des députés élus du Parti Québécois depuis 1981

1 commentaire:

  1. Ou êtes-vous, que faites-vous mon cher Fléau? Vos écris me manque. Donnez-moi de vos nouvelles.

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Merci de prendre le temps de m'écrire.